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À LESBOS

— Monsieur Badère, commença-t-elle avec calme, avez-vous vu votre père comme vous nous l’aviez promis ?

— Mais, madame…

— Il ne s’agit plus de tergiverser, comme vous le faites depuis longtemps. Ma fille et moi, nous sommes seules ; nous devons donc seules nous défendre contre le monde et ses méchancetés ; déjà on m’a demandé, ironiquement, à quelle époque aurait lieu le mariage ; il faut que toute équivoque cesse au plus vite. Vous ne reviendrez ici, monsieur Badère, qu’accompagné par votre père.

Eugène, à mesure que madame Fernez parlait, était devenu pâle.

Le moment de s’expliquer était arrivé, impossible de l’éluder.

Andrée, silencieuse, presque hautaine, regardait l’ingénieur si fixement, qu’il fut forcé de baisser les yeux.

— Madame, si j’hésitais à vous rendre compte de ma visite à mon père, c’est que j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer,

— Il refuse son consentement ?

— Hélas, oui !

Andrée crut qu’elle allait mourir.

Son avenir venait de s’effondrer à ses pieds.