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À LESBOS

Dès qu’elle possédait quelques sous, elle allait acheter des cigares et des pipes en chocolat, qu’elle fumait crânement, à la grande joie de tout le monde.

Lorsqu’elle partageait les jeux d’enfants de son âge, chose qui arrivait rarement, Andrée se montrait aimable surtout pour ses petites compagnes.

Un jour, oubliant son manque de force, elle se jeta résolument sur un garçonnet plus grand qu’elle, pour défendre une gamine de ses amies.

Elle faillit être étranglée.

L’incident ne la corrigea pas.

Andrée ne connaissait pas la peur.

Malgré ces tendances nettement définies, Andrée, en grandissant, n’en conservait pas moins les formes exquises de la fillette.

M. Fernez venait d’être envoyé en disgrâce en Champagne.

Il emmena sa femme et sa fille.

Andrée avait sept ans.

Non loin de l’habitation de ses parents, dans une vaste ferme, vivait une octogénaire, ci-devant propriétaire de cette superbe exploitation agricole.

Incapable de surveiller les travaux de la ferme,