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À LESBOS

Il s’approcha d’Andrée.

— Mademoiselle, commença-t-il d’une voix hésitante, depuis longtemps je désire avoir un entretien avec vous.

Il s’arrêta essoufflé comme un homme trop ému pour pouvoir continuer.

Andrée ne parvenait que grâce à des efforts inouïs à cacher sa joie.

Il allait parler, il allait avouer son amour, et lui dire ces mille riens qu’elle avait si grand désir d’entendre.

Il vint tout près d’elle, il prit sa main, il la brûla de son haleine, il l’enveloppa de son regard, prudemment abrité derrière des lunettes.

— Andrée, savez-vous que je vous aime avec toute l’ardeur d’un premier amour ?

Elle voulut parler.

— Non, laissez-moi achever. Avant de vous connaître, j’ai, comme tant d’autres, jeté au vent mes années de jeunesse ; j’ai pris pour de l’amour le caprice d’un instant, les désirs aussi vite oubliés qu’ils étaient exprimés ; mais je me trompais, j’étais un fou, un ignorant, je ne connaissais pas l’amour et ses enchantements ; j’avais marché à travers la vie comme un aveugle ; il vous appartenait de m’ouvrir les yeux et de me révéler le vrai bonheur.