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À LESBOS

Eugène devenait tout songeur, en écoutant le langage dissolvant de son ami.

— Sois certain, continuait Henri, qu’Andrée, avant de se vendre, se donnera généreusement à l’élu de son cœur.

— Pourquoi ne pas admettre que mademoiselle Fernez rencontrera en même temps la fortune et l’amour ?

— Parce qu’il est rare qu’une fille sage ne repousse pas avec dégoût celui qui lui offre de l’entretenir ; tandis qu’elle se laisse séduire, parce qu’elle ajoute foi aux promesses que son amant lui murmure, en la conduisant doucement dans les sentiers fleuris du péché.

— Peut-être un premier essai, douloureux et humiliant, rendra-t-il Andrée complètement sage.

— Ceci est une hypothèse admissible, mais à laquelle je ne crois pas. Le dépit, le besoin de se venger de cette humiliation, la jetteront sûrement dans la galanterie ; à moins, mon cher Eugène, que tu sois désigné par le sort pour conserver sa vertu en l’épousant, cette belle et malheureuse enfant.

— Oh ! le mariage, rien ne presse d’y penser pour le moment.

— Débauché, aurais-tu d’autres intentions ?