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À LESBOS

Madame Fernez, délaissée par son mari, ne quittait jamais son enfant et se consolait près d’elle des premières souffrances de l’épouse déjà désabusée.

Andrée ne subissait donc aucune influence en dehors de celle de sa mère.

Vers l’âge de trois ans et demi, lorsqu’elle commença à manifester ses goûts et ses tendances, elle rejeta dédaigneusement les poupées qu’on lui offrait. Elle préférait jouer avec des quilles, des billes, ou des armes, que de manier des chiffons.

Lorsqu’on la menait aux fêtes villageoises, elle demandait à monter sur les chevaux de bois, et refusait obstinément d’aller dans les voitures destinées aux petites filles.

Lorsqu’Andrée le pouvait, elle suivait son père au café, elle trempait volontiers ses lèvres dans un verre d’absinthe, sans faire la grimace, et cela au désespoir de madame Fernez, qui, d’une essence supérieure, aurait voulu réprimer chez sa fille les allures garçonnières qu’elle voyait chaque jour s’accentuer davantage.

Malgré les douces remontrances de sa mère, Andrée continuait à imiter les hommes, leurs gestes, et jusqu’à leurs façons de s’asseoir, de marcher.