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À LESBOS

Andrée ignorait Eugène.

Ce manège dura quinze jours.

Puis le hasard, ce dieu des incrédules, se chargea de rapprocher ces deux êtres, enfants privilégiés de la misère.

Huit heures sonnaient à Sainte-Élisabeth.

La rue Notre-Dame-de-Nazareth était sombre et presque déserte.

La chaleur, pendant tout le jour, avait été lourde et accablante.

Maintenant la pluie tombait en larges gouttes, mouillant à peine la poussière des pavés.

Au loin l’orage grondait sourdement, de grands éclairs bleus zébraient le ciel en tous sens.

Un vent brûlant soufflait et chassait les nuages qui couraient rapidement dans la nue.

Sur le trottoir, Andrée Fernez hâtait le pas.

Sortie sans parapluie, elle craignait d’être surprise par une forte averse.

L’orage l’effrayait.

Puis un homme, aux allures louches, une sorte de souteneur en redingote, la suivait depuis longtemps en lui débitant des propos obscènes.

Personne autour d’elle pour la défendre contre l’audace insolente de ce passant. Elle marchait encore plus vite pour le fuir et pour gagner sa