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À LESBOS

riait franchement de ses transports amoureux d’autrefois.

Andrée ne croyait même pas que ces sentiments, un peu étranges, se continuaient entre femmes du monde.

Quelqu’un lui aurait parlé de ses liaisons hors nature, qu’elle aurait douté de leur réalité ou stigmatisé les coupables.

Elle était alors essentiellement femme, et ressentait toutes les aspirations d’un cœur féminin qui appelle l’amour.

Tous les hommes pouvaient être mauvais, excepté celui qu’elle aimerait.

Un autre sentiment la dominait encore plus impérieusement.

Elle voulait être mère !

En sa naïveté charmante, la pauvre enfant ne connaissait aucun des préjugés du monde.

Elle se savait très malheureuse, elle ne se croyait pas coupable ; jamais, en son esprit de justice, elle ne pouvait admettre que des fautes commises par son père lui fussent un jour imputées comme une lèpre honteuse.

Elle ne se rangeait nullement parmi les parias.

Malgré les privations que le sort lui imposait,