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À LESBOS

La Seine !

Le bureau des mœurs !

Telles étaient les uniques voies ouvertes devant elles.

Les femmes ne choisirent ni l’une ni l’autre de ces deux routes.

La mort ne les prit pas.

En faut-il conclure qu’elles vécurent ?

Non !

On ne peut appeler vivre de manger à peine le nécessaire, et cela grâce à un labeur quotidien assidu, mal rétribué, où ne peut s’exercer aucune adresse.

Lorsqu’on n’a appris aucun état, on est obligé d’accepter les ouvrages faciles, changeant à chaque saison, à chaque mode nouvelle. Remis par des entrepreneuses aux ouvrières, ces travaux sont payés d’une façon dérisoire, et certaines femmes, de celles dont les ressources sont multiples, ne craignent pas de faire encore baisser les prix, préférant travailler presque pour rien que de contrarier un amant par trop jaloux.

Pauvres femmes, quelle lutte elles avaient à soutenir !

Et Fernez ne s’occupait jamais de ses victimes.

Les remords ne pouvaient pénétrer en cette âme, pétrie de je ne sais quel limon.