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À LESBOS

— Ne me refusez pas deux sous, supplia Eugène.

Cette fois l’homme fouilla sa poche, et ramena le modeste décime qu’Eugène prit courageusement.

Il s’en alla, fièrement drapé dans ses habits de loqueteux, avec sa face de famélique, chez le boulanger voisin, où il acheta un morceau de pain, qu’il dévora avidement.

Voilà comment il vécut pendant sept ans !

Au moment, où nous pénétrons chez Eugène Badère, il habite une mansarde dénudée, au sommet d’une vieille maison de la rue Charlot.

Depuis quelque temps il a pu trouver des travaux plus lucratifs et mieux en rapport avec son intelligence.

C’était le printemps.

La table sur laquelle il écrivait était placée au bas d’un châssis qui ouvrait sur les toits.

Par cette étroite ouverture, il apercevait un coin du ciel bleu, et aspirait voluptueusement l’air pur qui entrait librement dans sa pauvre chambrette.

Avait-il souffert seul, au fond de ce triste réduit ! !

Il espérait en l’avenir.