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À LESBOS

les écriteaux à louer pour se faire une flambée avant de se coucher.

Pendant longtemps, il s’acharna après le tableau-enseigne d’une sage-femme.

Quel bon feu il aurait fait avec ce panneau !

Il en tressaillait d’aise et d’espérance.

Trop fortement scellé dans le mur, il ne parvint qu’à ébranler l’objet de son ardente convoitise.

Lorsqu’il possédait quelques aliments, pour les faire cuire, il en était souvent réduit, faute de charbon, à se servir de papier.

Ses amis, d’anciens camarades compatissants, obligés de lui prêter de temps en temps une pièce de cent sous qu’il ne devait jamais rendre, l’avaient surnommé Fleur-de-Dèche !

Cette habitude d’avoir recours à la bourse d’autrui émoussait petit à petit sa délicatesse.

D’un tempérament ardent, il ne dédaignait pas de ramasser les reliefs que des filles de bonne volonté lui abandonnaient au matin, après une nuitée bien payée.

Poussé par la faim, il acceptait les besognes les plus diverses.

Il fut garçon de laboratoire chez un chimiste, chauffeur au chemin de fer de l’Ouest, et mécanicien d’un bateau-omnibus.