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À LESBOS

L’une était fort utile ; nous pensons qu’Eugène n’entendit pas l’autre.

Il acheva ses études.

À peine recevait-il son titre d’ingénieur, que la poste lui apportait l’avis que la pension paternelle était supprimée.

— Diable ! pensa notre savant tout frais émoulu, comment vivre d’ici que je trouve une position sociale ?

Ajoutons qu’Eugène jouissait d’un robuste appétit, et que la perspective des jours de jeûne forcé ne le charmait nullement.

Dans le fait, le sort ne se montra guère clément pour lui.

Il chercha un place.

Partout, avant de l’accepter, on lui demandait des recommandations ou des références.

Renié par sa famille, repoussé par les amis de celle-ci, il se heurtait à tous les préjugés qui atteignent les révoltés d’une autorité quelconque.

Il connut la misère noire !

Celle des jours sans pain et sans feu ! celle des redingotes crasseuses et effilochées, des chapeaux en accordéon, des bottes éculées.

Plusieurs fois la nuit, lorsqu’il rentrait, la faim, le froid au corps, de sa canne il décrochait