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À LESBOS

— Ne joignez pas l’ironie à l’infamie.

— Prends garde, je suis ton père.

— Ne me le rappelez pas, je préférerais pouvoir l’oublier.

Il leva la main, prêt à frapper.

Andrée ne chercha pas à éviter les coups ; froidement elle se croisa les bras et regarda fièrement M. Fernez.

Il laissa lentement retomber sa main, sans oser effleurer la joue d’Andrée ; puis, la tête basse, il quitta cette chambre, où son autorité paternelle, étayée seulement sur la vulgarité de la loi, venait de sombrer toute entière, devant son indignité de chef de famille.

À partir de ce moment, la vie devint impossible entre ces trois êtres, liés par des liens si étroits, et qu’une profonde antipathie éloignait les uns des autres.

Madame Fernez pliait sous le lourd fardeau des peines du passé et des nouvelles humiliations que lui infligeait son mari.

Andrée relevait trop la tête, elle entreprenait audacieusement une lutte où elle devait être brisée !

Fernez n’avait-il pas le droit de commander, et d’imposer la présence de sa maîtresse aux deux pauvres femmes outragées ?