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À LESBOS

instruction, afin de lui aplanir les difficultés de l’existence.

M. Fernez, au contraire, en artisan mal greffé de bourgeoisisme, ne se souvenant plus des sacrifices que son père, un brave ouvrier, s’était imposés pour essayer de faire de lui un homme — malheureusement il avait complètement échoué, — ne poursuivait qu’un but : abaisser le plus possible l’enfant pour se venger de la supériorité de sa mère, celle à qui il devait toute sa situation, dont il n’avait jamais su, il est vrai, profiter.

Révoqué de partout, criblé de dettes, il ne se cramponnait plus que d’une main défaillante aux aspérités qui lui cachaient encore l’abîme où il allait s’effondrer, entraînant à sa suite sa femme et sa fille.

Réduit aux plus durs expédients, il ne pouvait plus empêcher la misère de venir, avec son hideux cortège, s’asseoir à son foyer.

Aussi, lorsqu’Andrée se retrouva en présence de son père, elle l’enveloppa d’un long regard de mépris. Encore une fois la lâcheté de cet homme, son protecteur naturel, venait de faire échec à son avenir.

Andrée se mit à lire, à étudier sans maîtres, espérant acquérir quand même quelques connaissances utiles.