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À LESBOS

Sa barbe est longue.

Ses cheveux sont blancs.

La mort a planté son suaire indélébile sur sa face amaigrie.

À côté du grabat, sur une table boiteuse, des fioles, une tasse, un pot de tisane attestent les soins réclamés par une longue et dernière maladie.

Souvent le moribond se soulève et regarde au loin dans l’étroite pièce.

Son œil, déjà vitreux, semble aller au-delà des murailles qui l’entourent.

Une vieille femme, grognon, veille près de lui.

— Ne vous agitez pas, recommande-t-elle.

— Elle arrivera trop tard.

— Non, elle va arriver.

— Il y a vingt ans que je ne l’ai vue, elle peut refuser de venir.

— Vous allez vous rendre plus malade.

Et le temps passait en de continuelles interrogations du malade, et en gronderies de la part de la garde.

Dix heures sonnèrent aux monastères voisins.

Dans le silence profond de ce quartier tranquille, les coups se répercutèrent en de lugubres échos.