Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
À LESBOS

Il reconnaissait lui-même qu’il n’était pas né pour sermonner ses amis.

Un premier échec avait suffi pour le corriger.

Pourtant il venait rarement chez mademoiselle Fernez.

Andrée, en face des défections de ses amis, sentait grandir l’affection, peut-être étrange, qu’elle avait vouée à Laurence.

L’hiver était revenu, apportant avec lui ses longues soirées, où, près de l’âtre, plein de bûches en flamme, on écoute la brise souffler à travers les branches sans feuilles ou sous les portes mal closes.

La neige tombait en gros flocons.

Andrée demeurait près de son amie, ayant l’enfant sur les genoux.

Un violent coup de sonnette fit tressauter les deux jeunes femmes.

Marie-Marthe, apeurée, se blottit entre les bras d’Andrée.

Laurence, toute tremblante, courut vers la porte.

Pourquoi les faits usuels et quotidiens de la vie prennent-ils parfois un aspect lugubre et semblent-ils annoncer un malheur ?

Nul ne le sait.

Le cœur a peut-être sa prescience.