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À LESBOS

Il présentait, sur un plat de vermeil, un paquet soigneusement ficelé.

— Pour madame, dit-il obséquieusement.

— Vous ne pouviez attendre, pour me le remettre, dit Julie, n’essayant même pas de cacher sa mauvaise humeur.

— C’est très pressé, a affirmé le porteur, répondit le valet.

L’inconnu effrayait toujours un peu Julie,

Elle craignait les petits amis d’autrefois.

— Une surprise, disait-on.

— Ouvrez, conseillait-on d’un autre côté.

— Allons, ma chère amie, ne nous faites pas languir, encouragea Salomon.

La ficelle et le papier tombèrent.

Le groupe des invités, curieux et avides, se resserra compacte autour de Julie.

Bientôt madame Smyth tint, entre ses doigts tremblants, une esquisse brossée à l’aquarelle.

C’était une femme, coiffée d’un vieux chapeau fané, vêtue d’une robe effilochée, qui, assise en face d’une table de café, préparait une absinthe laiteuse.

Au bas, pour légende :

« Julie la Carotte, au Rat-Mort ! »

Cela jeta un froid. Personne ne fit de réflexion.