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À LESBOS

Jadis les hommes avaient des maîtresses qu’ils aimaient, ne fût-ce que l’espace d’un matin ; aujourd’hui, peut-on donner le mot d’amour aux exigences que vous montrez à ces malheureuses, les salariées du vice.

— J’avoue que les hommes sont bien coupables.

— Cet aveu platonique ne peut suffire à contenter les nombreuses filles que vous condamnez au célibat ou à la prostitution.

— Nous ne sommes pas les uniques pourvoyeurs des trottoirs.

— Si, au lieu de n’épouser que des dots, vous recherchiez surtout des épouses jeunes, belles, en santé, pouvant faire de beaux enfants, vous diminueriez de beaucoup le nombre des hétaïres de la sorte.

— Les besoins de la vie augmentent sans cesse, l’amour du luxe est partout et chez tous.

— Moins calculateurs avant de vous marier, vous êtes tous de galants entreteneurs…

— Après ? — N’hésitez pas, vous êtes en veine de franchise.

— Vous devenez, pour la plupart, de vulgaires entretenus.

— Oh !

— Regardez autour de vous. On jette l’or à