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À LESBOS

Elle répondait par monosyllabes aux questions de son amie.

Andrée regretterait-elle déjà les heures bénies passées à l’atelier ?

N’aurait-elle satisfait qu’un caprice de curieuse ?

Le doute effleurait l’âme de Laurence et y semait des ombres.

Faudrait-il toujours souffrir et fermer le livre, dont les premiers feuillets promettaient tant de voluptés ?

Les larmes commençaient à mouiller ses paupières.

Elle écouta, la main sur son cœur, pour en comprimer les battements.

Un pas connu résonnait dans l’escalier.

Laurence, la figure rassérénée, courut au-devant d’Andrée.

Mademoiselle Fernez montait lentement, marche par marche, soutenant les pas chancelants d’une gamine de trois ans.

L’enfant portait la robe grise de l’hospice, un bonnet noir retenait difficilement les boucles rebelles de ses cheveux blonds.

D’apparence chétive, elle avait la mine réfléchie des marmots élevés par des mercenaires.

Elle babillait pourtant, tout en mordant à belles