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À LESBOS

Par le vitrage largement ouvert, l’air frais entrait, apportant, en une brise légère, les senteurs des feuilles nouvelles.

Au ciel, les étoiles scintillaient dans l’azur limpide.

Derrière les buttes, la lune se levait lentement, éclairant les croix blanches du cimetière.

Au bas, sur le boulevard, la marmaille du quartier s’ébattait joyeusement.

Le calme d’une soirée attiédie, succédait à la tourmente orageuse du jour.

Au fond de l’atelier, le bruissement de voix, entremêlées de baisers, semblait un souffle aérien.

Et le duo d’amour reprenait, en un poème toujours nouveau.

Laurence, saisie d’une douce langueur, se laissait lutiner par Andrée, qu’aucun exploit ne pouvait lasser.

Entre les caresses brûlantes des instants d’abandon, on formait mille projets pour l’avenir.

Et ces deux femmes, des désespérées, aux bras l’une de l’autre exposant leur luxuriante nudité, en des poses lascives, à la fraîcheur du soir, oubliaient, dans le fiévreux délire des sens, non encore apaisés, la déception du passé.

Toutes deux, brisées par la lutte, venaient ré-