Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
À LESBOS

— Tout le monde s’est enfui en criant ; personne n’a donc rien pu voir.

Ensuite, elle se tourna vers la supérieure.

— Ma mère, dit-elle avec une certaine hauteur, je n’ai jamais menti ; vous pouvez m’écouter sans la moindre méfiance.

La supérieure regarda plus attentivement ce visage, ces yeux où brillait la franchise la plus pure. Quoique vivant au fond d’un cloître, elle connaissait quelque peu l’humanité, elle comprit qu’elle se trouvait en face de quelqu’un.

— Parlez, dit-elle, sans adoucir son ton.

Andrée courba la tête.

— Je sais, dit-elle, que je viens de commettre une action blâmable, je vous en demande pardon, à vous, ma mère.

— Il faudra également solliciter le pardon de votre compagne.

— Jamais.

— Pourquoi cet entêtement, annonçant autant d’orgueil que de méchanceté. Vous l’avez blessée, elle souffre à cause de vous.

— Voilà huit jours que mademoiselle Patrez, et bien d’autres, me meurtrissent à coups d’épingles, sous le prétexte que je suis nouvelle. Je n’ai pas eu le courage de souffrir plus longtemps.

Et Andrée raconta d’une voix vibrante ces ta-