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À LESBOS

Laurence tenait ses deux mains jointes vers Andrée.

— Merci, murmura-t-elle.

La jeune femme l’attira tout contre sa poitrine et déposa un long baiser sur le front de l’ouvrière.

— Vous ne me méprisez pas ? interrogea Laurence avec anxiété.

— Te mépriser ! Ne sais-tu pas que mon cœur est trop plein d’un autre sentiment, pour laisser la moindre place au mépris ?

Laurence devint toute tremblante.

Andrée l’entraîna vers un divan, sur lequel elle venait de jeter une charretée de roses et de lilas.

Un caprice d’artiste.

Leurs pieds s’enfoncèrent dans une épaisse peau d’ours, jonchée de fleurs effeuillées.

Le parfum des bouquets humides de rosée se mêlait aux senteurs capiteuses de l’atelier.

Laurence s’affaissa au milieu de ce lit odorant.

Andrée s’agenouilla.

Au loin, l’orage grondait.

Tout près, chez un voisin, on entendait les sons mélodieux d’un orgue.

Les éclairs partaient du haut des buttes, passaient à travers le vitrage et mettaient leurs re-

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