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À LESBOS

Elle entendit ces mots :

— On devrait toujours savoir qui l’on introduit chez soi, afin de ne pas exposer ses amis à des contacts semblables.

Son nom n’avait pas été prononcé ; pourtant, elle eut le pressentiment qu’on parlait d’elle.

Son passé, passé de honte et de misère, lui revenait à la mémoire.

Elle s’était vendue pour manger !

Voulait-on faire allusion à ces heures de douloureuse mémoire ?

Puis, elle le savait, on jasait sur l’intérêt que lui témoignait mademoiselle Fernez.

Mais ces demoiselles n’étaient pas prudes, et pour cause.

Alors, que lui reprochait-on ?

Elle eut besoin d’adresser la parole à l’une d’elles.

Sans lui répondre, l’élève lui tourna le dos.

L’insulte, cette fois, était directe.

Laurence, au lieu de s’humilier, releva la tête, prête à ramasser le gant qu’on lui jetait si insolemment.

Fille du peuple, elle allait se rappeler le vocabulaire de Paris pour engueuler ces demoiselles.

Andrée entra sans bruit, vint se placer aux