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À LESBOS

— Laurence a gagné sa journée, dirent-elles.

— Mesdemoiselles, taisez-vous ; la pauvre fille pleure et va se trouver mal.

On l’entoura.

Chacune d’elles voulait lui faire respirer du vinaigre ou prendre un cordial.

Heureusement qu’elle repoussa toutes ces offres obligeantes, car ces demoiselles, dans leur émoi, répandaient de l’essence de térébentine sur leurs mouchoirs et versaient de l’huile dans une tasse de vieux Saxe.

En ce moment, une portière fut soulevée.

Andrée Fernez entra.

D’un regard sévère, elle fit taire et baisser les yeux à toutes ces gamines.

Avait-elle entendu la conversation tenue sur son compte ?

Rien chez elle ne le dénotait.

Seulement, avant de gagner sa place, elle s’arrêta un instant en face de Laurence.

— Souffrez-vous ? demanda-t-elle avec bonté.

— Non. mademoiselle, bégaya-t-elle.

Pauvre fille, elle craignait d’être grondée pour sa malechance.

Elle voulut implorer, et son visage se tourna vers sa bienfaitrice ; elle ferma les yeux comme éblouie.