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À LESBOS

Sa mère ne s’aperçut de rien.

Laurence devina cet embarras.

Pouvait-elle continuer de demeurer à la charge d’Andrée ?

Elle servait de modèle, n’était-ce pas là un prétexte ?

Jusqu’à présent, aucune toile sérieuse n’avait été ébauchée.

Sa délicatesse se révoltait.

Pourtant, elle ne se sentait pas le courage de fuir.

Non, elle aurait volontiers accepté de souffrir de nouveau toutes les douleurs du passé, plutôt que de quitter Andrée, Andrée qu’elle aimait d’une affection ardente, à laquelle elle tremblait de donner un nom.

Divers incidents, dont l’un du plus haut comique, allaient précipiter les événements.

Jadis, aux heures de pauvreté, Andrée avait été reniée par sa famille.

Maintenant de vieux parents, escomptant déjà la fortune de l’artiste, parlaient d’elle, de son talent, à leurs enfants.

Andrée se moquait de ces preuves tardives d’amitié ; pourtant, elle laissait sa porte ouverte, et les flatteurs pénétraient peu à peu dans la place.

Une tante fort dévote, par métier — elle ven-