Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
À LESBOS

contré que cette impassibilité glaciale qui la terrifiait.

Andrée affectait de ne jamais rester seule dans l’atelier avec Laurence, ou alors, elle redoublait d’ardeur au travail.

La pauvre fille se demandait si cette femme, au regard d’Argus, n’avait pas deviné le secret qu’elle s’efforçait de cacher à sa propre conscience.

— Elle me méprise, pensait-elle.

Les dames Fernez habitaient un appartement éloigné de l’atelier.

Rarement madame Fernez, âgée, fatiguée, venait voir sa fille pendant les heures de travail ; pourtant, de loin en loin, elle amenait des visiteurs.

Chaque fois que cet événement se produisit, Andrée obligea Laurence à se cacher précipitamment derrière une toile inachevée.

Madame Fernez ignorait-elle la bonne action de sa fille ?

Probablement.

Une après-midi, arrivée à l’improviste, elle surprit Laurence en train de poser.

La vieille dame regarda le modèle avec indifférence, sans témoigner le moindre intérêt.

Par contre, Andrée paraissait embarrassée.