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À LESBOS

Puis autre chose :

Elle éprouvait une sensation nouvelle, inconnue, chaque fois qu’elle se trouvait en présence de sa généreuse bienfaitrice.

Andrée donnait, donnait beaucoup, le nécessaire, même le superflu, sans jamais se livrer.

Cette réserve excessive, quelque peu hautaine, gênait Laurence.

Mademoiselle Fernez, de son regard profond, parfois tranchant comme une lame d’acier, fouillait, jusqu’aux plis les plus secrets, l’âme de la jeune ouvrière, et la laissait toujours sous l’influence d’une douleur aiguë.

Pourtant, elle se sentait attirer vers l’artiste par une sympathie étrange, qu’elle ne voulait pas analyser et qui l’effrayait.

Si sa main rencontrait celle d’Andrée, elle tremblait et devenait pâle.

De son côté, mademoiselle Fernez devenait de plus en plus froide,

Pendant les séances de pose, elle avait dû, plusieurs fois, s’approcher de son modèle, pour lui faire prendre l’attitude qu’elle désirait.

Laurence avait cru remarquer un certain trouble.

Elle devait s’être trompée, car, ayant jeté les yeux sur le visage du peintre, elle n’avait ren-