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À LESBOS

tout, conservé l’espérance de redevenir mère.

Aujourd’hui, elle jouissait d’un réel bien-être ; avait-elle le droit de continuer à vivre à l’abri de toute inquiétude sans essayer de remplir cet impérieux devoir de la maternité ?

Cette question se posait jour et nuit devant son esprit troublé.

D’abord un malaise vague, mal défini, s’empara parfois de son être, la laissant brisée, anéantie, sans plus aucune énergie ; puis ce sentiment finit par la dominer tout entière.

C’était le remords !

La conscience de Laurence Latour venait de se révéler altière et menaçante.

Incidemment, pendant le récit qu’elle avait fait à Andrée, Laurence avait parlé de sa fille.

La jeune femme, comme de coutume, était demeurée froide, impassible, ne paraissant pas tressaillir aux accents déchirants de cette mère abandonnant son enfant.

Comment oser l’implorer en faveur de ce cher petit être ?

Ne semblait-elle pas médire de la famille ?

Elle affirmait que le meilleur était de ne pas en avoir.

Elle préconisait la supériorité des enfants naturels.