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À LESBOS

Elles s’installèrent.

Andrée servait et observait discrètement.

Son invitée dévorait.

— Elle mourait de faim, pensait l’artiste.

À propos, comment vous appelez-vous ? questionnait-elle.

— Laurence Latour.

Notre ancienne connaissance ouvrit la bouche pour commencer le récit de ses infortunes.

Mademoiselle Fernez l’arrêta d’un geste énergique.

— Inutile, dit-elle, de me prendre pour confidente.

— Vous ne me connaissez pas.

— Qu’importe ? Une femme ne doit jamais raconter son passé. Si vous m’affirmiez que vous êtes restée vertueuse, je pourrais vous accuser de mensonge ; si vous m’avouez des heures de défaillance, je croirai, peut-être, que vous me trompez encore.

J’ai besoin d’un modèle, je vous garde, je vous paie, votre vie privée ne me regarde pas.

On se mit au travail.

Le soir, Laurence se retira en promettant de revenir le lendemain.

Elle emportait cinq francs.

Andrée avait compris qu’en donnant une plus