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À LESBOS

Elle était réellement émue.

Cette femme venait de lui révéler toute sa misère, sans avoir prononcé un mot.

Il fallait la secourir !

— Vous souffrez ? interrogea-t-elle avec compassion.

La jeune fille se raidit contre un moment de faiblesse et répondit laconiquement en se levant :

— Je suis désolée de vous avoir dérangée.

Elle se dirigeait du côté de la porte.

— Attendez, ne soyez pas si pressée.

Elle s’arrêta.

— J’ai l’intention de faire un tableau de genre, la reproduction d’un atelier de couture, quelque scène de réalisme, que sais-je encore ? peut-être me seriez-vous utile.

Elle hachait ses mots, craignant de froisser la malheureuse, qu’elle avait jugée très fière.

Elle ajouta, en remontant sa montre :

— Midi ! nous pourrions commencer de suite, c’est-à-dire après déjeuner.

J’ai l’habitude de nourrir mes modèles.

Mademoiselle Fernez entraîna la jeune fille derrière un paravent.

Sur une table sculptée, véritable chef-d’œuvre datant du moyen âge, il y avait un couvert tout dressé, devant un succulent déjeuner froid.