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À LESBOS

Andrée, nullement un modèle de patience, commençait à la trouver mauvaise.

— Répondez, dit-elle brusquement.

La jeune fille jeta un coup d’œil de détresse vers la porte.

Elle avait envie de se sauver.

— Je ne sais, bégaya-t-elle.

— Comment, vous ne savez pas ?

— Je n’ai encore jamais posé.

Mademoiselle Fernez la déshabilla d’un long regard de connaisseur, lequel vint se heurter à tous les angles aigus d’un corps de malade.

— Vous ne pouvez servir de modèle pour la nudité, déclara fermement Andrée.

— Alors, je ne puis vous servir !

— Pas pour le moment.

L’infortunée poussa un tel soupir de découragement, qu’Andrée, toute troublée, l’observa davantage.

Maintenant qu’elle était reposée, son visage apparaissait d’une pâleur mate, où se dessinaient de grandes taches noires ; la bouche contournée criait la souffrance ; sous les paupières abaissées, de grosses larmes roulaient, prêtes à tomber ; les mains se joignaient comme pour implorer.

Andrée Fernez était généreuse, jamais on ne s’adressait en vain à son cœur.