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À LESBOS

Il ne comprenait pas.

— L’enlever de l’hospice ! deviens-tu folle ?

— Non, je ne l’ai abandonnée, que poussée par la misère ; aujourd’hui, je puis l’élever, remplir mes devoirs de mère.

Elle joignit les mains :

— Ne me refusez pas !

Il devint furieux, ses yeux s’injectèrent de sang.

— Ne me parle jamais de cette gosse, ou bien je te chasse immédiatement.

Laurence n’insista pas.

Non pas que la menace l’effrayât ; elle détestait cet homme ; mais, lui parti, elle devait renoncer à reprendre Marie-Marthe.

Elle préféra attendre ; une circonstance imprévue pouvait lui permettre d’exécuter son projet.

Cette existence de honte et d’esclavage dura six mois.

Le régiment changea de garnison.

Galbi, sans souci de l’avenir de Laurence, la mit à la porte, la veille de son départ, avec un louis dans la main.

Étonnée de ce procédé, elle le regardait, paraissant l’interroger.

— Ma chère, dit-il, en pirouettant sur ses hauts talons de bottes, je ne t’ai fait aucune