Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
À LESBOS

La misère lasse les plus robustes.

Les jours d’hiver étaient revenus.

Quelques heures de maladie avaient mis Laurence en arrière.

Le logeur menaçait de lui reprendre la clef de son taudis.

Elle ne faisait qu’un mauvais repas par jour.

Elle commençait à se révolter.

Marceline, devenue une fille de joie patentée, la narguait et l’insultait lorsqu’elle la rencontrait.

— Tu m’as pris mon homme, lui criait-elle tout haut.

Et, tandis que la pauvrette se sauvait, la fille égrenait un long chapelet d’injures à l’adresse de sa sœur.

Laurence regardait de loin la fille de joie offrant cyniquement ses charmes avachis aux passants.

Ses habits, livrée obligée du métier, étaient luxueux, et elle paraissait manger tous les jours.

Laurence, vaincue par le sort, se demandait si elle ne se trompait pas de chemin.

Après une journée d’un rude et fatigant labeur, elle revenait de l’atelier.

Il pleuvait.

Il ventait.

Sous l’averse glaciale, à travers la brise hu-