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À LESBOS

Une femme lui montra au loin la lanterne rouge.

Lentement, elle s’achemina vers la maison hospitalière, laissant partout une trace de son passage.

Elle pénétra dans une vaste pièce.

Autour d’un poêle tout rouge, des femmes se chauffaient.

Laurence tomba évanouie sur le pavé.

Vite on appela de l’aide.

La directrice vint.

De ses mains maternelles, elle souleva cette tête d’adolescente, où l’on voyait tous les stigmates de la douleur.

Elle lui mouilla le visage de vinaigre.

Laurence ouvrit les yeux.

— J’ai faim, essaya-t-elle de dire.

Un bouillon, un demi-verre de vin de Bordeaux la réconfortèrent.

Maintenant, elle avait la force de s’exprimer.

— Allons, mon enfant, lui dit la directrice, ayez confiance en moi.

Cette malheureuse, battue par sa mère, outragée par son père, victime des passions humaines, rejetée par tous, comprit qu’un vrai cœur venait de se révéler à elle ; sans la moindre hésitation, elle cacha sa tête d’exténuée entre les

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