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À LESBOS

chez lui, jouant tout, jusqu’à son honneur, déjà fort compromis.

Il vivait comme un homme n’étant pas marié.

Madame Fernez était toujours seule.

L’abandon, qui devait se consommer plus tard, était déjà commencé. Le foyer n’existait plus.

Si Andrée ne souffrait pas de la misère, c’était au dévouement maternel qu’elle le devait.

Si elle parvenait à s’instruire, c’était grâce aux efforts incessants de madame Fernez.

Mais la lutte devenait de plus en plus difficile.

L’homme, cet être soi-disant fort, n’était plus qu’une inutilité dans son existence.

Quoique d’un caractère très gai, Andrée était parfois pensive ; le chagrin la mûrissait avant l’heure ; aussi préférait-elle se mêler à la conversation des grandes personnes, surtout à celle des femmes, qu’à la compagnie bruyante des enfants de son âge.

Elle se plaisait à entendre le froufrou de la soie ; elle aimait à respirer les parfums capiteux dont se servent les élégantes.

Elle affectait une amabilité empressée qui ressemblait presque à de la galanterie.

Au lieu d’acheter des sucres d’orge, elle dépensait ses sous en fleurs qu’elle offrait aux amies de sa mère.