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À LESBOS

Il ne vint rien, que l’isolement plus complet.

Elle longeait les quais.

La Seine coulait toute blanche, sous les reflets de la lune.

La brise agitait doucement les ramées nouvelles et apportait le parfum des fleurs printanières.

La nature n’était pas triste.

Au loin, on entendait des accords de musique et des bribes de chansons joyeuses.

Pourtant une enfant, une victime, allait par la route, les yeux pleins de larmes, le cœur déjà brisé, vers le néant !

Pourquoi aurait-elle eu la foi ?

Autour d’elle, de la ville tumultueuse, s’élevait une immense clameur poussée par tous les repus, après ripaille.

Elle, pauvre fille, les habits percés, le ventre creux, elle n’espérait de repos que dans la tombe.

Le fleuve l’attirait.

Il serait son linceul !

Elle s’éloigna encore.

La berge était déserte.

Un murmure lointain lui rappelait seul le monde qu’elle voulait quitter.

Elle s’élança !

La nappe limpide s’ouvrit, bouillonna, et se referma sur le corps de l’enfant.