Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
À LESBOS

Plus par la violence que par la persuasion, Laurence devint sa maîtresse.

Qui donc la jugera ?

La vie à trois continua.

Marceline fermait les yeux.

Un jour, Laurence s’aperçut qu’elle était enceinte.

Horreur !

Elle était la maîtresse de l’amant de sa sœur !

Toutes deux allaient être mères.

Lorsqu’on lui parlait mariage, il ricanait.

Maintenant qu’il ne désirait plus Laurence, il menaçait les deux malheureuses de les mettre à la porte.

Laurence venait de retrouver toute sa fierté.

Elle partit.

Où aller ?

Elle gagnait vingt sous par jour.

Elle marcha longtemps dans la ville, se heurtant à la foule indifférente.

Ces gens étaient peut-être bons, aucun d’eux ne devina sa détresse.

D’abord le soleil brillait, inondant les rues de ses rayons lumineux, puis le crépuscule chassa la dernière flambée du jour, et le ciel se piqua de mille points d’or.

Laurence murmura une prière.