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À LESBOS

Pourquoi sa femme l’avait-elle épousé ? demandera-t-on.

Ces unions mal assorties font partie des mystères que révèle le cœur ou la destinée humaine.

Il détestait d’autant plus sa femme, qu’il se savait coupable envers elle.

Sournoisement, il la frappait, comme les lâches, dans l’ombre, en condamnant son enfant à une existence misérable.

Contrairement aux autres pères, il ne manifestait aucune ambition pour Andrée.

Que lui importait l’avenir de cette fillette ?

Il voulait qu’elle s’élevât sans lui coûter le moindre sacrifice.

Parfois il injuriait brutalement la mère et l’enfant.

Andrée, de son regard profond, observait son père.

Peu à peu, elle se prit à mépriser ce chef de famille, chez lequel, elle cherchait en vain, les qualités viriles, qu’imposent, si non l’affection, du moins le respect.

Chacune des injures qu’il débitait, pendant ses colères de portefaix, restaient gravées dans le cœur d’Andrée, en caractères ineffaçables.

Il passait le meilleur de son temps hors de