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À LESBOS

Pourtant, elle hurla, dans le paroxysme de la rage :

— Assassin !

— Ce soir, tu ne coucheras pas ici, répondit madame Latour.

— Maman, supplia Laurence, ne chasse pas ma sœur.

— Toi aussi, vaurienne, tu partiras. Il y a longtemps que votre père me conseille de vous jeter dehors.

Elles allèrent chacune à leur atelier, sans prendre au sérieux les menaces de leur mère.

De pareilles scènes ne se passaient-elles pas chaque jour ?

Vingt-quatre heures après, les mots étaient oubliés.

Lorsqu’elles revinrent le soir, la porte de la chambre était fermée.

Elles heurtèrent en vain ; Joséphine Latour ne leur ouvrit pas.

L’ivrogne et sa femme soupèrent tranquillement.

Lasses de frapper et d’appeler, les pauvrettes se retirèrent.

C’était une soirée d’hiver.

Elles grelottaient.

Elles avaient faim.