Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
À LESBOS

Laurence apprenait le métier de lingère chez une voisine compatissante.

La misère de cette fillette l’avait émue.

Joséphine Latour, de son regard mauvais, ne cessait d’examiner ses filles.

Elle ne tarda pas à remarquer que la taille de Marceline grossissait.

— Tu es enceinte, gueuse, lui cria-t-elle un matin, pendant que la jeune fille mettait avec effort son corset.

— Que t’importe ? répondit insolemment Marceline.

— Attends un peu, je vais t’arranger, toi et ton bâtard.

— Mieux vaut être bâtard que d’avoir des parents comme vous.

Joséphine Latour s’avança, la main levée.

Marceline prit son sabot et le lança fortement à la tête de sa mère.

Le bois l’écorcha vers l’œil.

Une hachette se trouvait là, elle l’empoigna et frappa sa fille d’un coup sec.

Cette femme pouvait commettre un infanticide.

Heureusement que ce fut le dos de l’arme qui toucha Marceline.