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À LESBOS

Latour, honteux, pris de peur, préféra s’éloigner et quitter la chambre.

Laurence eut la pensée qu’elle allait mourir.

Ce ne fut qu’un léger évanouissement, elle revint à la vie.

Peut-être le regretta-t-elle souvent plus tard.

Son regard incertain s’arrêta sur Alfred.

Il lui prodiguait des soins avec empressement.

Il se montrait presque affectueux, lui d’ordinaire si grossier, si brutal.

— Alfred, implora-t-elle, sois discret, que nul ne sache cette scène. Le coupable est notre père !

— Tu es trop bonne, trop honnête pour rester ici, parmi nous ; pars au plus vite.

— Le puis-je ?

— Prends garde, il recommencera et se vengera.

— N’importe, nous devons cacher ses fautes.

Alfred regarda sa sœur d’un air surpris. Tant d’indulgence le confondait.

Plus crapuleusement lié avec Marceline, il préférait Laurence.

Elle lui inspirait une affection mêlée de respect.

Il aurait voulu la voir s’éloigner de cette maison, où elle souffrait sans se plaindre. Aussi sut-il garder le secret de cette poignante aventure, même envers Marcelline.