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À LESBOS

Elle connaissait toutes les réalités de l’existence.

Très grande et très nerveuse, elle essaya de se défendre.

Elle voulait gagner du temps.

Le hasard seul pouvait la sauver.

Latour, affaibli par les excès, surpris par ce commencement de lutte, qu’il n’avait pas prévue, lâcha sa proie.

Elle allait se sauver.

Il courut pour la reprendre ; déjà il l’enlaçait, et cette fois, fortement, pour étouffer ses cris, il lui comprimait la bouche.

Était-elle donc perdue ?

La porte s’ouvrit. Alfred parut.

Le jeune homme bondit jusqu’à sa sœur.

Il comprit de suite de quelle tentative ignoble Latour venait de se rendre coupable.

Tous deux se toisèrent, se mesurèrent.

Latour pouvait se rire de ce gamin.

N’était-il pas plus fort, plus vigoureux ?

Oui, certes, mais Alfred venait de sentir s’éveiller en lui tout un regain de bons sentiments.

Indigné, il se tenait prêt à venger sa sœur si cruellement outragée.

— Misérable ! disait Alfred.