Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
À LESBOS

— Pourquoi pas ?

— Tant mieux, car je n’ai mangé aujourd’hui qu’un pain d’un sou.

Les paupières de mademoiselle Fernez battirent.

— Pauvre fille ! pensa-t-elle.

D’un signe elle appela une bonne, et commanda de doubler les portions.

L’infortunée dévora.

D’abord, elle ne songea qu’à satisfaire son appétit ; une fois rassasiée, elle joua du pied et de la prunelle.

Andrée pâlit, mais ne se fâcha pas.

L’heure de la chute venait-elle de sonner ?

Peut-être.

Cette femme lui plaisait, et des bouffées de passion lui montaient au cerveau.

Pourquoi vouloir toujours résister à la tentation ?

Andrée était lasse de vivre en face d’un pays inconnu, qu’elle désirait tant visiter.

La vertu lui pesait.

La salle se vidait.

La femme mangeait encore.

Andrée fit venir des liqueurs.

Maintenant, sa compagne la tutoyait.

— Je ne t’ai encore jamais vue, disait-elle la bouche pleine.