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À LESBOS

nes, la regardaient avec complaisance : Débraillées, les lèvres gourmandes, dans des poses lascives, elles paraissaient prêtes à s’offrir.

Sous ce feu provocateur Andrée sentait mille aiguillons s’enfoncer dans sa chair.

D’autres de ses voisines, au contraire, la toisaient avec colère ; déjà des gros mots, dont elle devinait la cause, avaient été échangés.

Un couple féminin vint s’asseoir à la table près de la sienne.

L’une des deux ne détachait pas ses yeux de dessus Andrée.

Tout à coup, la femme qui lui tournait le dos fit volte-face.

Une vraie virago.

Haute en couleur, la lèvre ombragée par une forte moustache, elle puait le vice.

La parfaite distinction de mademoiselle Fernez la rendit furieuse.

— Tu sais, dit-elle, à sa compagne, si tu continues à la reluquer ainsi, je te flanque une beigne.

En ce moment, une grande fille blonde, maigre, décharnée, le teint blême, les yeux cerclés de noir, entra dans la salle.

Elle se dirigea vers la caisse.

Après l’échange du baiser habituel, la dame