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À LESBOS

Les hommes semblaient être exclus de l’établissement ; il n’y en avait pas un parmi les convives ; le service était fait par de jeunes et accortes bonnes.

Une fois installée, Andrée, sans s’inquiéter de l’attention qu’elle provoquait, commanda son dîner.

Un dîner plantureux, car elle avait faim.

Quelques femmes, toujours par groupes de deux, entrèrent.

On les connaissait, et on les interpellait par leurs noms, des noms de guerre, en vogue dans le monde de la galanterie.

Une particularité l’intriguait.

Chacune des nouvelles venues allait embrasser la caissière sur les lèvres.

Était-ce une simple précaution, pour ne pas détruire l’œuvre si artistement étalée sur le visage ratatiné de la ci-devant coquette ?

Une servante lui apportait son potage ; elle préféra lui faire bon accueil que de résoudre cet ardu problème.

À côté d’elle, on continuait à chuchoter en l’observant.

Andrée n’en perdait pas un coup de dent, quoiqu’elle ressentit un malaise incompréhensible.

Quelques-unes de ces femmes, les plus jeu-

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