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À LESBOS

Cela ne l’arrêta pas.

Elle entra, et eut vite enjambé l’unique étage.

Elle poussa une porte à vitres dépolies.

Du seuil, Andrée vit une grande salle, coupée au milieu par une table, où quelques femmes, des filles, en toilettes tapageuses, dînaient tout en causant bruyamment.

Autour, contre les murs, il y avait des tables préparées pour deux, ou quatre convives.

À peine entrée, une odeur troublante de parfums capiteux, de poudre de riz et de sueur, monta au cerveau d’Andrée.

Cela sentait la femelle.

Un troublé étrange s’empara de la jeune artiste ; elle éprouvait des émotions absolument inconnues, qu’elle aurait voulu chasser.

À son apparition, chacune des dîneuses se tut.

On la regardait avec méfiance, comme une intruse.

Tous ces regards féminins, braqués sur elle, la troublaient encore davantage.

Elle eut envie de fuir, mais la faim la talonnait.

Puis un désir irrésistible, une curiosité malsaine, la poussaient à rester parmi ces femmes.

À la caisse, un vieux pastel peint avec un cer-