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À LESBOS

Elle n’était pas prude, nous le savons, cependant cette visite la contrariait, la troublait.

Déjà si hantée par les visions du passé, elle n’aurait jamais voulu se trouver en présence d’une de ces femmes dont les goûts l’intriguaient, l’attiraient même, elle devait l’avouer.

Maintenant, elle allait être en contact avec une de ces femmes, et l’une des plus célèbres.

Que résulterait-il de cette intimité ?

Elle reculait presque effrayée.

Elle voyait comme un abîme devant ses pas.

Puis le souvenir de son père et d’Eugène Badère, ces deux hommes qui avaient si rudement touché à son existence, lui revenait à la mémoire.

N’étaient-ce pas eux qui l’avaient jetée parmi les déclassées ?

L’un après l’autre, ils avaient fermé devant elle toute issue honnête.

Mariée, mère de famille, penserait-elle encore aux heures folles de l’enfance ?

Des tendances, dira-t-on, la poussaient vers cet inconnu.

De saines et robustes affections auraient su vaincre des penchants que la solitude seule pouvait développer.

Le soir, avant de quitter son atelier, mademoiselle Fernez reçut des mains d’un valet en