Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
À LESBOS

— Votre maman vous grondera, affirma le domestique.

— Que m’importe ?

— Elle me chassera.

— Non ; je lui avouerai la vérité.

— Je suis plus âgé, j’ai le devoir de vous empêcher de faire cette folie.

— Je veux la voir.

— Andrée, soyez raisonnable, la vue de ce cadavre peut vous impressionner, vous rendre malade.

— Cela m’est égal.

— Il n’en est pas de même pour moi.

— Tu me résistes, donc tu n’auras aucun reproche à t’adresser.

Et s’élançant en avant, elle se dirigea vers la maison où on avait recueilli la vieille fermière.

Le domestique la rejoignit et pénétra avec elle dans la grange.

Jamais Andrée, aujourd’hui devenue une femme d’un âge mûr, n’a oubliée la pauvre suicidée, dormant de son dernier sommeil sur une botte de paille due à la charité !

Elle sortit de là l’esprit en ébullition.

Que se passait-il sous ce crâne minuscule ?

Qu’en savons-nous ?

Quelles passions s’y livraient déjà combat, sous l’influence des événements du dehors ?

1.