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À LESBOS

— Je ne dois avoir qu’un but, se dit-elle, c’est de le dégoûter de moi, en lui exposant des théories abominables.

Un soir, Gustave Lebon rencontra Andrée sur le boulevard de Clichy.

Elle sortait de son atelier.

Il se mit à marcher auprès d’elle.

D’abord on parla de choses indifférentes.

Il paraissait fort préoccupé.

— Savez-vous, Andrée, dit-il à brûle-pourpoint, que je vous aime ?

Mademoiselle Fernez s’arrêta, et regardant le peintre droit dans les yeux, elle lui répondit en riant :

— Vous vous moquez de moi.

— Non, quoique je me sois mal expliqué.

— Allons, soyez net et précis.

— Aujourd’hui, je vous désire ardemment ; demain je vous aimerai, si vous me repoussez.

— Votre définition me plaît infiniment

— Vous croyez-vous incapable d’inspirer une réelle affection ?

— Je ne tiens pas à m’appesantir sur la question ; seulement j’ai pour vous une cordiale amitié ; il me serait pénible de briser avec vous.

— L’amour vous effraye donc bien ?

— Je n’y crois plus.