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À LESBOS

Quelques amis demeurèrent fidèles aux dames Fernez.

D’autres commentèrent méchamment le brusque départ du fiancé.

La misère devenait plus rude que jamais.

Les deux infortunées se remirent courageusement au travail.

Andrée déclara qu’elle renonçait au mariage.

En même temps elle prit la résolution de ne pas continuer à n’être qu’une prolétaire sans métier, devant accepter toutes les plus mauvaises besognes.

Jadis, au couvent, elle dessinait et peignait avec goût.

Pourquoi ne pas reprendre, aux heures perdues, le crayon et le pinceau ?

Elle ne pouvait pas payer des maîtres, elle n’avait pas le temps de fréquenter les écoles gratuites établies par la Ville.

Ces obstacles ne l’arrêtèrent pas.

Chacun, autour d’Andrée, se moqua d’elle.

Vouloir devenir une artiste !

C’était insensé !

Ou elle mourrait de faim, ou bien elle se perdrait dans la masse des inconnus dont le nom n’est jamais révélé au public, si ce n’est à la porte des brocanteurs.