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Et vers lui marche d’un pas ferme,
Sans divaguer dans ton essor.
Tu voudrais dans ton vol immense
Tout sentir, tout voir, tout saisir,
Mêler l’amour et la science,
Accoupler l’étude au plaisir ;
Tu voudrais d’une gloire illustre
Te construire le monument,
Sans pourtant dédaigner le lustre
Des légers succès du moment :
C’est trop vouloir. — Le fier navire
Qui fend les ondes de la mer,
Laisse, content de son empire,
Le ballon s’égarer dans l’air ;
La vague altière, dont l’écume
Frappe le pied des vastes monts,
N’est pas jalouse de la brume
Qui tourbillonne sur leurs fronts. —
chacun sa route et sa sphère.
Choisis ! Au monde veux-tu plaire ?
Du monde, esclave obséquieux,
Sers chaque vœu de ton monarque,
Suis sa voile, attache ta barque
A son vaisseau capricieux. —
Veux-tu de lui rang et fortune ?
Rampe, agis, courtise, importune,
Asservis-toi pour asservir ;
Ou sinon, par la muse austère,
Loin des vils brouillards de la terre,
Sans regrets laisse-toi ravir.